Retour sur le Concert spirituel de la Toussaint à Soissons (2): commentaires des pièces d'orgue interprétées
Les auditeurs ont pu entrer en profondeur dans cette expérience d'écoute,
faire le lien entre les textes lues et les oeuvres musicales jouées,
grâce à ces brefs éléments de commentaires (données sur feuille) :
Olivier MESSIAEN (1908-1992), Apparition de l'Eglise éternelle
Grand compositeur français du XXème siècle, organiste à l'église de la Trinité à Paris, Olivier Messiaen peut être
considéré comme un « théologien en musique ».
L'Apparition de l'Eglise éternelle, composée en 1932, est construite sur un grand crescendo faisant appel à toutes
les ressources de l'orgue, suivi d'un grand decrescendo : apparition et disparition de l'Eglise éternelle dans une
puissante vision cosmique. Le compositeur a qualifié ainsi cette œuvre : « musique solide et compacte comme un bloc de
pierre. Mais les églises matérielles sont le symbole de l'Eglise spirituelle, faîte de pierres vivantes.
»
J-S.BACH (1685-1750), choral Herzlich tut mich verlangen BWV 727
Appartenant au corpus des chorals dits « divers », cette pièce reprend ce cantique luthérien bien connu, traité maintes fois par Bach, en particulier dans sa Passion selon Saint Mathieu :
« Ardemment, j'aspire à une fin paisible, car ici je suis prisonnier au milieu des tristesses et des malheurs. Je
désire quitter ce monde hostile, je languis des joies éternelles. O Jésus, ne tarde pas à venir »
Henri DOYEN (1902-1988), In Paradisum
Figure encore bien présente dans la mémoire des soissonnais, le chanoine Doyen fut maître de chapelle et organiste
titulaire de notre cathédrale. Il œuvra avec dévouement et ténacité pour la construction des grandes orgues actuelles
après les deux guerres mondiales.
Son In Paradisum, composé à la mémoire de sa « chère maman, rappelée à Dieu le Jeudi de Pâques 1953 », est bâti
sur deux éléments thématiques : un premier, très chromatique, où l'on retrouve la nette influence de son maître Louis Vierne, qui exprime la douleur, le déchirement ; le second, plus paisible et
serein, dans lequel on reconnaîtra quelques fragments de l' In Paradisum grégorien.
J-S.BACH, choral Vor deinen Thron tret' ich BWV 668
Cette profonde méditation date de la fin de la vie de Bach à Leipzig, alors qu'il sentait la mort proche.
Le texte commenté est le suivant : « Devant ton trône, je vais comparaître, ô Dieu, et je te prie humblement.
Ne détourne pas ta face pleine de grâce de moi, le pauvre pêcheur. »
Johannes BRAHMS (1833-1897), choral O Gott, du frommer Gott
Alors que le style Romantique est à son apogée, Brahms, au soir de sa vie (1896), reprend à son compte, avec une grande liberté
créatrice, la tradition des préludes de chorals pour orgue portée à des sommets par Bach.
Son cycle de11 chorals, peut s'envisager comme une méditation sur la mort. Il s'agit ici du n°7 dont le texte est le suivant : «
Ô Dieu, Dieu plein de bonté, source de tous biens, sans qui rien de ce qui est n'existe, et de qui nous tenons toute chose, accorde-nous un corps sain, et que dans un tel corps
demeure une âme intacte et une conscience pure. »
Jean LANGLAIS (1907-1991), Incantation pour un Jour Saint
Autre grande figure de l'orgue français du XXème siècle, Jean Langlais, né aveugle, titulaire des grandes orgues de la
Basilique Ste Clotilde à Paris, a puisé une grande partie de son inspiration dans sa foi catholique et dans le chant
grégorien.
Composée en en 1949 et publiée alors dans la revue Orgue et liturgie, cette pièce brillante s'inspire de deux mélodies
grégoriennes de la Veillée pascale : la triple invocation Lumen Christi (Lumière du Christ) à laquelle les fidèles
répondent Deo gratias (Nous rendons grâce à Dieu), et la Litanie des Saints.